Motion de Censure contre le gouvernement - Discours de Mathilde Panot

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Le 11 juillet 2022, Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire LFI-NUPES à l\'Assemblée nationale, défendait la motion de censure commune de la NUPES contre le gouvernement. Retrouvez ci-dessous le texte de son discours.

« Madame la Présidente,
Madame la Première Ministre,
Collègues,

Il est logique que le refus de la confiance récolte la défiance.
Nous voilà enfin de retour en démocratie parlementaire.

Pour résumer : vous avez été nommée par le Président de la République en mai, puis, au lendemain du naufrage des législatives, vous lui présentiez votre démission. Le Président vous a maintenue en poste. Et ce, alors même que vos idées sont minoritaires dans le pays.

Vous ne tirez donc votre légitimité ni des élections législatives, ni même du Parlement, à qui vous n’avez pas demandé s’il vous faisait confiance pour conduire la politique de la Nation.
En d’autres termes, vous êtes, à cette fonction, une anomalie démocratique.

Vous avez, la semaine dernière, longuement parlé.

Une heure et demie de déclaration, alternant truismes, flagornerie, clins d’oeil appuyés et subtils à certains de mes collègues, vaines tentatives de diviser la NUPES, mots creux dont la Macronie raffole : « territoires », « égalité des chances », « bâtir ensemble », « avancer »…
Pour mieux emballer une ligne ultralibérale qui ne vous a jamais quittée.

Car oui, votre déni de réalité continue. On trouve dans votre discours une ressemblance frappante avec celui d’Emmanuel Macron sur son programme présidentiel en mars. Sauf que c’était déjà il y a 4 mois. Depuis, vous vous êtes engouffrés dans une ellipse temporelle pour effacer votre défaite.

Votre déclaration, c’est l’insoutenable continuité de votre projet, entre autosatisfecit et congratulations. Vous prononcez 5 fois le mot « compromis », mais pas l’ombre d’un regret des 5 années passées.

Pourtant, vous simulez un rétropédalage. Votre Ministre de l’Intérieur, dans la presse, nous dit que la situation (je cite) : « consiste à corriger, sans doute, un certain nombre de choses programmatiques, de comportements que nous avons eus ». Vous-même, Madame la Première Ministre, nous dites : « Les Français nous demandent d’agir, et d’agir autrement. […] Ils nous invitent à des pratiques nouvelles ».

C’est là que la grande énigme commence. De quelles pratiques parlez-vous ? Quelles sont donc ces « choses programmatiques à corriger » ? Il n’est pas une mesure que vous ayez reniée dans votre déclaration. Votre arrogance vous empêche toute forme de désaveu, cette même arrogance a précédé votre débâcle.

Alors, voici venu le moment de vérité. Cette motion de défiance tiendra lieu de clarification politique. Puisque vous n’avez rien changé sur le fond, que votre programme de malfaisance sociale et écologique est intact, ce vote permettra de distinguer ceux qui souhaitent servir de béquille à ce pouvoir, ou font semblant de s’y opposer, de ceux qui portent une réelle alternative pour le pays.

À ce sujet, le porte-parole de votre gouvernement parle de « motion de posture ».

Comme toujours, vous inversez la responsabilité. Sachez, Madame la Première Ministre, que défendre la démocratie n’a rien d’une posture. Cela échappe probablement à votre « pensée complexe », vous qui pendant 5 ans, avez méprisé la démocratie. Vous qui avez gouverné pendant la pandémie sous état d’urgence sanitaire, dans un conseil de défense couvert par le secret défense. Vous, qui avez eu pour seule réponse à toutes les manifestations de colère du peuple, la matraque. Aux Gilets jaunes qui demandaient le référendum d’initiative citoyenne et une vie digne, ce furent 32 éborgnés, 5 mains arrachées et la mort de Zineb Redouane. Aux Guadeloupéens qui demandaient des moyens de santé, des mesures contre la vie chère et le droit à l’eau, ce fut l’envoi du GIGN et du RAID. Aux écologistes qui luttent pour la survie de l’humanité, c’est une pluie de procès et de perquisitions. C’est savoureux, venant de vous qui avez confondu le Parlement avec la chambre d’enregistrement des desiderata du Président.

Le temps où vous considériez la démocratie comme accessoire est révolu. À l’inverse d’une posture, cette motion de défiance sert à démasquer les impostures.

Pour consulter la suite du discours : https://lafranceinsoumise.fr/2022/07/11/motion-de-censure-contre-le-gouvernement -discours-de-mathilde-panot/
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